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juge toujours d’où l’on est, comme un paralytique. » Et j’ai pu lire avec fruit, non pas des chiffres, non pas des statistiques de cabinet, mais les observations vécues, sur La Vie ouvrière, de M. Jacques Valdour, qui a voulu être, tour à tour, apprenti dans une usine de tissage, ouvrier teinturier à Roanne, tréfileur à Lyon, figurant de théâtre à Paris, et qui nous donne ses impressions et ses réflexions sur les milieux qu’il a traversés et sur les hommes dont il a réellement partagé l’existence. Il peut parler de leur labeur, de leurs gîtes, de leurs restaurants, de leurs distractions, de leur misère physique et morale son expérience lui en donne le droit. Il a été, comme dit magnifiquement Lacordaire, « le travailleur qui prend ses bras et qui s’en va ! » Qui s’en va les proposer de porte en porte, de ville en ville, de bureau de placement en mairie et en syndicat, et qui n’est embauché nulle part…

« Rien de plus déprimant que ce refus répété, déclare ce témoin irrécusable. Quoique sans travail par fiction, je n’ai pu entendre ce — non — sans éprouver une sensation de vide et un serrement de cœur. Que l’on songe à celui pour qui de telles journées sont une réalité vraie, dont les vêtements s’usent, dont les ressources s’épuisent, et qui ne voit pas