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en science sociale

qui n’en prit plus. À douze ans, mon père dut lâcher le moulin ; je fus placé comme meunier chez un cousin qui me faisait lever à cinq heures du matin et coucher à dix heures du soir. La nuit, je devais encore me lever lorsque les appareils du moulin venaient à se déranger ou l’eau du bief à changer de niveau, ce qui donnait plus ou moins de vitesse à l’usine. C’est à cet âge que j’ai appris à conduire ma première machine à vapeur pour suppléer au manque d’eau, l’été. Je remplaçai un mécanicien breveté de la marine qui n’avait pu faire donner le maximum à sa machine. Je chauffais, (chaudière à deux bouilleurs), je conduisais ma machine et aidais au moulin les autres ouvriers. Lorsque, la nuit, mon sommeil m’empêchait d’entendre les variations de marche aux sonneries du régulateur, j’étais réveillé à coups de pieds et poings par mon cousin qui avait ses appartements contigus. Je dus quitter à quatorze ans ce bagne pour des fautes comme cette dernière : renvoyé. Je tombai successivement dans cinq ou six maisons semblables, lorsque je fus réveillé par le besoin d’instruction. Je bûchai, car je n’avais connu, à dix ans, que l’histoire sainte et le catéchisme ; en mécanique et en électricité, j’obtins deux premiers prix dans chacun de ces cours. Quelle peine !