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la méthode concrète

« À côté de ceux-là quelques-uns souffrent, ils sont bien rares, de cette vie de gueule et de beuveries, car l’on sent que ce n’est pas ainsi que la nature a voulu réunir les hommes. Ces cas rares d’hommes venus au milieu de pauvres créatures sont à plaindre car ils supportent une douloureuse vie, ils sont pris pour des êtres mous, des délateurs, ou tant d’autres accusations aussi ignobles que souvent leur timidité empêche de désavouer semblables accusations. Je suis né de parents meuniers, dans la plus petite industrie, avec cela qu’ils avaient quelques terres qui nourrissaient quelques vaches. À cinq ans, j’allais garder très loin ces vaches dans les prés et je recevais maintes corrections pour les laisser passer sur les terres voisines. (Je vous dirai que j’étais bien gratifié comme morale, j’avais une belle-mère depuis l’âge de quatre ans et une de celles qu’a jugée l’opinion.) À sept, huit, neuf ans, j’allais à l’école ; mais, avant de partir, le matin, je devais balayer les quatre étages du moulin de mon père, et ce, par les froids d’hiver 79-80, 18° à 25° au-dessous de zéro, que le manche du balai était comme une glace dans les mains. Au retour, je gardais les vaches ; jusqu’à la nuit, dans l’été. À dix ans, je sortais de l’école et remplaçais l’ouvrier de mon père