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L’ARMÉE ANGLO-HINDOUE

moyen d’entretenir dans une armée les saines traditions militaires, et que si les troupes de la compagnie devaient un jour rencontrer des ennemis maîtres des secrets de la tactique européenne, on serait forcé de modifier un système dont les inconvénients frappent tous les yeux, et dont le plus grave est sans contredit d’amener à la tête des régiments des officiers qui ont passé leurs années d’énergie dans les emplois civils, et qui, lorsqu’ils rentrent au corps après vingt et vingt-cinq ans d’absence, sont souvent incapables de faire manœuvrer quatre hommes sans un caporal.

Il nous reste à dire quelques mots du caractère public et privé des officiers de l’armée de l’Inde. Et à ce sujet, tout en parlant avec respect et sympathie d’un corps de braves gens qui a toujours noblement fait son devoir devant l’ennemi, qu’il nous soit permis de dire que l’histoire de l’armée de l’Inde, étudiée même à la surface, fournirait de nombreux et trop significatifs arguments à opposer aux philippiques contre la corruption française dont la presse de Londres a si longtemps et avec tant d’amour rempli ses colonnes ; mais l’héroïsme des soldats d’Inkermann et de Balaclava a fait apprécier à leur juste valeur de niais préjugés, et nous ne croirions pas faire acte de bon Français et d’écrivain sensé en entamant, ne fût-ce même que d’apparence, la ritournelle usée de l’air de l’anglophobie. Aussi, passant au plus vite du sérieux au comique, demanderons-nous au lecteur la permission de lui raconter une petite anecdote fort authentique, qui donne une juste idée du