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LES ANGLAIS ET L’INDE

les, etc. Ce mode de récompense entraîne toutefois de sérieux inconvénients, et pour en juger, ouvrant au hasard l’Annuaire de l’armée du Bengale, qu’on examine les cadres du 55e régiment d’infanterie. Sur six capitaines, deux ont des emplois civils, un troisième est en congé ; des dix lieutenants, quatre sont pourvus de fonctions administratives, deux sont attachés à des corps irréguliers ; deux enseignes sont en congé. Et il arrive le plus souvent que l’effectif des officiers présents au corps est moindre que celui porté au livre officiel. Aussi nous assure-t-on qu’il n’est pas rare de voir des enseignes commander des régiments, et l’on cite l’exemple d’un docteur ayant fait fonction de chef de corps pendant plusieurs mois. Les officiers de l’armée du Bengale au-dessous du grade de colonel s’élèvent à 2,250. On distribue parmi eux 530 appointements civils ou d’étatmajor, que l’on peut classer ainsi : emplois civils, 136 ; d’état-major, 44 ; du commissariat, 130 ; commandements de corps irréguliers et de milice, 220 ; total, 530.

De tout ceci il faut conclure que dans l’armée anglo-indienne l’ambition des officiers n’est point stimulée par la perspective d’un avancement rapide, d’honneurs militaires. La seule récompense qu’un bon et éminent serviteur puisse recevoir de ses chefs est un emploi civil ou d’état-major, qui ajoute 1,000 ou 1,500 roupies à sa solde de chaque mois. Sans doute l’argent est aujourd’hui chose précieuse, comme il l’a d’ailleurs toujours été ; nous croyons cependant qu’en faire presque exclusivement le prix du sang n’est pas le vrai