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L’ARMÉE ANGLO-HINDOUE

où l’on a vu l’organe le plus important de la publicité proposer sérieusement de mettre à la tête de l’armée de Crimée des officiers du service de l’honorable compagnie, qui, s’ils ont reçu du ciel le génie militaire, n’ont pas encore trouvé l’occasion d’en donner la preuve. Nous n’en persistons pas moins à croire que l’homme de guerre a des occasions plus nombreuses d’acquérir et de montrer des talents militaires dans le service de la reine que dans celui de la compagnie, et qu’en demandant de choisir le successeur de lord Raglan parmi les officiers indiens, le Times obéissait à un sentiment de patriotisme inquiet et peu raisonné.

Les conditions d’admission etd’instruction de l’officier de l’armée anglo-indienne étant connues, il reste à se demander quelles sont ses chances d’avancement. Il y a quelques années, la liste des lieutenants généraux de l’armée de l’honorable compagnie semblait destinée à détruire certains préjugés assez accrédités en Europe sur l’insalubrité du climat de l’Inde et la brièveté de la vie du soldat. Ce n’étaient que nonagénaires et octogénaires, et si les septuagénaires y figuraient, c’était seulement par exception et dans l’attitude de timides jeunes gens devant une auguste assemblée de patriarches. Les choses ont bien changé depuis les derniers événements dont l’Orient a été le théâtre, et l’armée de l’Inde compte dans ses rangs non-seulement des brigadiers, mais même des lieutenants généraux qui réunissent l’expérience aux forces physiques nécessaires pour soutenir la vie des camps sous ces climats meurtriers.