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L’ARMÉE ANGLO-HINDOUE

nous nous sommes arrêté à plusieurs reprises ; nous tenions seulement à indiquer de nouveau de quel poids pèse dans la balance des destinées de l’Angleterre ce prodigieux empire de l’Inde, dont elle est redevable à l’habileté de ses hommes d’État, au courage de ses officiers et de ses soldats, et, disons-le aussi, à cette heureuse étoile qui depuis cent ans n’a pas cessé de veiller sur ses destinées.

Ce n’est pas qu’il faille s’exagérer la brillante fortune pécuniaire ou militaire réservée aux élus qui reçoivent des commissions des directeurs de la compagnie. Les épaulettes de capitaine, au plus celles de major, sont des limites de carrière que nul, même le plus ambitieux, ne saurait se flatter de franchir. C’est peu de chose sans doute pour satisfaire des rêves de vingt ans, bien qu’au débarqué, le griffin, c’est le nom familier sous lequel on désigne dans l’Inde le jeune officier, n’apporte avec lui qu’un léger bagage de connaissances militaires, le plus souvent un sabre, des épaulettes et le red coat. Après quelques semaines de résidence au fort William, le nouveau-venu est dirigé sur un régiment, remis entre les mains d’un sergent instructeur, et au bout d’un an il a reçu toute l’instruction militaire que la compagnie exige de ses officiers. L’on voit tout de suite ce qu’un pareil système d’éducation militaire a de vicieux : c’est déjà officier et sous la direction d’un inférieur que le griffin commence ses études spéciales, trop courtes d’ailleurs, et cela sous un climat qui porte à la paresse, entouré comme il l’est des tentations du sports