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LES ANGLAIS ET L’INDE

En pesant mûrement ces diverses et toutes puissantes considérations, on est amené à juger moins sévèrement les mesures d’exclusion qui ferment aux natifs les hauts grades de l’armée et de l’administration, et on en vient à conclure que des raisons spécieuses d’humanité et de justice ne doivent pas conduire au suicide la compagnie des Indes et l’Angleterre avec elle. Mais ce que l’honorable compagnie doit à son honneur, au rang élevé qu’elle occupera dans l’histoire moderne, c’est de donner aux peuples qui subissent ses lois une police honnête, une justice sérieuse, dont les arrêts puissent braver l’examen le plus rigoureux. Le sombre tableau que nous avons dû tracer, sur documents authentiques, de ces deux branches de l’administration anglo-indienne prouve assez fout ce qu’il y a de progrès à faire dans cette voie. N’est-ce pas là une mille et unième consécration de l’éternelle histoire de la paille et de la poutre, que de voir le peuple qui se fait avec tant d’ardeur le champion des opprimés, qui a eu tant de meetings pour la Hongrie ou la Pologne, tant de speeches contre sa majesté L’empereur d’Autriche ou le tsar de toutes les Russies, rester muet devant les iniquités qui se commettent journellement dans l’Inde, et qui ont pour complices, complices involontaires sans doute, des magistrats anglais ? Il ne s’agit pas ici de ces larrons politiques qui empruntent le masque de la liberté et du patriotisme pour arriver à la fortune et au pouvoir ; mais de l’abus le plus odieux de l’autorité dans des cas vulgaires, qui n’intéressent en rien la sûreté de l’État ; d’aveux arrachés au milieu des