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LES ANGLAIS ET L’INDE

ie sceptre d’un homme d’État, et non pas d’un comptoir avec une aune de marchand. »

L’importance du domaine de l’Inde pour l’Angleterre ne saurait échapper à la plus superficielle étude des sources et de agents de la fortune britannique. Si l’Angleterre a échappé aux crises révolutionnaires qui ont bouleversé depuis cent ans les divers États de l’Europe, c’est sans contredit parce qu’elle a pu verser dans ses domaines de l’Est cette classe vraiment dangereuse des sociétés modernes, les hommes d’éducation qui, écrasés par la trop grande concurrence des professions libérales, ne peuvent se faire en Europe leur part de soleil. Aussi, devant cette question si vitale pour l’Angleterre : assurer l’avenir des cadets de famille, to provide for the younger sons, nous nous sentons inhabiles à prendre en main la cause des natifs, à réclamer en leur faveur ces droits naturels dont la domination étrangère les dépouille, à conseiller en un mot le suicide à nos voisins d’outremer, en les engageant à mettre en pratique la devise de l’Inde gouvernée par l’Inde et pour l’Inde. Il y a sans aoute dans ce fait d’une population exclue systématiquement de tous les hauts emplois de l’administration, d’une armée commandée exclusivement par des étrangers, un état de choses anormal, un abus de la force, une injustice réelle ; mais il y a au-dessus de tout cela l’intérêt du salut public, une question de vie ou de mort pour l’Angleterre : to be or not to be ! L’injustice est d’ailleurs plus apparente que réelle : sauf des exceptions infinitésimales, il faut le reconnaître, on ne saurait ren-