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LES FONCTIONNAIRES CIVILS

nous nous sommes efforcé de dépouiller tout esprit de parti, tout esprit même de nationalité. Notre histoire est assez riche en grandes pages pour qu’un homme qui s’honore du titre de Français puisse rendre justice à ce merveilleux édifice que l’habileté des hommes d’État de l’Angleterre et la bravoure de ses soldats ont élevé dans l’est. Des sentiments privés ont sans doute à réclamer une part d’influence dans la faveur que nous avons témoignée à ces institutions protectrices qui semblent devoir assurer un long avenir à la puissance anglaise dans l’Inde. Ainsi des sympathies bien naturelles pour une nation dont nous avons foulé le sol pendant de longues années, dans les rangs de laquelle nous comptons de sincères amitiés, et encore mieux peut-être la triste expérience des dangers qu’appellent sur les nations ces réformateurs à jet continu qui les conduisent au bord de Fabîme quand ils ne les y précipitent pas, — ces considérations expliquent assez pourquoi nous ne nous sommes pas mis à la remorque des grandes phrases consacrées, sonores et creuses, que les réformateurs ou soi-disant inscrivent à grand fracas sur leurs drapeaux, et qui au mieux ne signifient rien, entre autres celle-ci : « L’Inde doit être gouvernée par l’Inde et pour l’Inde, et non pas par l’Angleterre et pour l’Angleterre. » Ami sincère d’un progrès libéral et intelligent, si dans la question indienne nous devions prendre une devise, nous choisirions plutôt ces nobles paroles, prononcées par l’illustre marquis de Wellesley aux premières années du siècle : « L’Inde doit être gouvernée d’un palais avec