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LES ANGLAIS ET L’INDE

pour toutes les choses de la civilisation européenne ; voici, disons-nous, les opinions que Dwarkanauth Tagore exprimait, il y a plus de dix ans, au sujet de la police anglo-indienne devant le comité d’enquête de Londres ; ces opinions, il les exprimerait sans doute encore aujourd’hui : « Je pense que du darogah au péon le plus infime tout rétablissement de la police est gangréné, et que l’on ne saurait obtenir justice dans un seul cas sans acheter à prix d’argent la protection de ses officiers. Lorsqu’un magistrat prend une affaire des mains du darogah, la partie même qui a le bon droit de son côté doit payer le bon vouloir de cet agent, et comme les deux adversaires s’efforcent par des présents d’obtenir sa protection, il arrive le plus souvent que les conclusions du rapport donnent gain de cause à celui qui a déboursé les plus grosses sommes sans tenir nul compte des intérêts de la justice. Si un officier inférieur de la police est envoyé dans un village pour faire une enquête, l’intendant du zémindar lève immédiatement une taxe à son profit sur les habitants, et cette coutume est établie de si longue date, qu’elle s’exerce comme un droit, sans provoquer les moindres réclamations. Le darogah et ses agents, lancés à la poursuite des auteurs d’un dacoït (crime de vol à main armée), saisissent au hasard innocents et coupables dans les villages qu’ils parcou* rent, et souvent relâchent les individus les plus compromis lorsqu’ils peuvent payer une rançon suffisante. » À la question suivante qui lui fut posée : « Les résidents européens de l’Inde ont-ils recours pour protéger leurs