Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée
63
LES FONCTIONNAIRES CIVILS

4 roupies seulement. Les employés de la police n’appartiennent pas tous à une même caste ou à une même croyance, ils sont pris indifféremment dans les rangs de la population chrétienne, musulmane ou hindoue.

À la première nouvelle d’un crime, il est du devoir du darogah de se rendre au lieu désigné, de recevoir les dépositions de la partie plaignante et des témoins, et de diriger vers le magistrat du district les documents de son enquête et la personne de l’accusé. L’imagination la plus noire ne saurait rêver les révoltantes iniquités qui accompagnent ces premiers procédés judiciaires : le parjure pratiqué dans des proportions heureusement inconnues en dehors de cette terre classique du mensonge ; l’accusé sur lequel pèsent les plus fortes charges relâché le plus souvent lorsqu’il peut satisfaire la cupidité du darogah et de ses subordonnés ; maisons livrées au pillage ; innocents soumis sciemment à de véritables tortures qui doivent leur arracher des aveux, enfin des hommes amenés, à prix d’argent, à s’accuser d’un crime qu’ils n’ont pas commis, et qui entraîne la peine capitale !

Un pareil tableau semble dépasser de beaucoup 

les limites du vraisemblable ; ce n’est toutefois qu’une reproduction affaiblie de ce qui se passe presque journellement dans l’Inde. Nous prendrons la liberté de citer un exemple à l’appui de nos observations, exemple que nous n’emprunterons pas aux légendes hindoues, comme on pourrait le croire, mais bien aux annales du Sudder Adawlut du Bengale, à la rumeur publique, car il est connu de tous.