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LES ANGLAIS ET L’INDE

qu’il a presque intégralement conservées depuis, et en excluant les natifs de tout emploi considérable, soit par l’importance de ses attributions, soit même par le chiffre de ses émoluments. Le traitement le plus élevé auquel les natifs purent atteindre sous le nouvel ordre de choses fut fixé à 100 roupies par mois.

L’on tombait sans doute ainsi dans l’excès opposé ; mais pour apprécier sainement ces mesures radicales, il faut se rendre compte de toutes les difficultés auxquelles était en proie à ses débuts le gouvernement de la compagnie, qui, entouré de princes ennemis, ne pouvait compter ni sur la probité, ni sur le dévouement de ses propres serviteurs natifs. En confiant toutes les branches du pouvoir à des Européens élevés à son service, soumis à son seul contrôle, la cour des directeurs ne faisait que subir la loi d’une implacable nécessité. Il est plus que probable en effet que si les choses fussent restées comme elles étaient aux jours qui suivirent la conquête, n’eût-on pas eu recours au moyen extrême de Fexclusion des natifs de tout emploi important, les premières années de ce siècle eussent été témoins de la fin de la domination anglaise dans l’Inde. Il y a toutefois dans le fait d’un pays gouverné par une poignée d’étrangers à l’exclusion des indigènes quelque chose de si anormal, un abus de la force si apparent, que dès 1792 les natifs avaient trouvé des défenseurs qui faisaient valoir dans le parlement leurs droits naturels à prendre part active dans l’administration des trois présidences. Cependant les périls de la situation, la fragilité des bases sur lesquelles’