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LES FONCTIONNAIRES CIVILS

et au delà, sur le livre de dépense du civilian, la place qu’occupaient autrefois les vins de luxe, les courses et le whist. Gros traitements de l’Inde, motifs de tant d’attaques et d’envie, vous donnez sans doute, sur le pied où toutes les nécessités de la vie européenne sont montées en ces pays, vous donnez le moyen de pourvoir honorablement aux dépenses d’une famille, mais vous ne donnez rien au delà. Ce sont pourtant par de rudes et incessants labeurs que l’on vous achète, et si tous ceux qui se récrient contre la riche dotation du service civil pouvaient voir de près la vie d’exil sous un climat délétère, avec ses ennuis profonds, ils envieraient sans doute un peu moins le sort de ceux qui portent ces chaînes pesantes et dorées. Nous n’entendons point nous faire l’apologiste à toute épreuve du service civil de l’honorable compagnie des Indes. Que son éducation soit perfectible, nous n’en doutons pas ; que quelques-uns de ses membres aient donné de tristes exemples de corruption et d’incapacité, que d’autres affectent des airs extravagants de Grand Mogol, on l’admettra sans peine. Nous disons seulement qu’en moyenne comme corps, par son intégrité, ses lumières, son expérience, il est à la hauteur de sa mission ; que jamais magistrats plus intègres, collecteurs plus désintéressés, juges plus indépendants, n’ont veillé sur le sort des populations natives ; qu’en un mot la très-grande majorité du service civil représente dignement dans l’Inde une des nations qui marchent en tête de la civilisation européenne.

Le rôle important que le service civil a joué dans