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LES FONCTIONNAIRES CIVILS

une nièce vertueuse ou à payer les dettes d’un coquin de neveu. Voici pour le mâle. Quant à la femelle, prenez une tranche d’arc-en-ciel que vous décorez convenablement de bracelets de chrysocale, de plumes multicolores, d’agréments de fil d’argent et de verroterie ; soumettez le tout à un régime de quatre repas par jour, assaisonnés en intermèdes de verres de sherry et de pâtés aux huîtres, et vous avez décrit au physique et au moral, suivant la formule du roman anglais, la femme anglo-indienne, la begum, si on peut emprunter cette expression au langage des clubs de Regent— Street. Nous ne contesterons pas la valeur des caractères de nababs et de nababesses du bon vieux temps, tels que Thackeray et mistress Gore les ont représentés ; nous sommes même très-porté à croire qu’ils ont été pris sur nature ; mais ce que nous croyons pouvoir affirmer, c’est que le système de communications fréquentes et rapides qui relie aujourd’hui l’Inde et l’Europe a complètement modifié le genre de vie, les idées, les plans d’avenir des Anglo-Indiens, les Anglo-Indiens eux-mêmes.

Autrefois les officiers de la compagnie, en très-grande majorité, acceptaient l’Inde comme une seconde patrie où ils devaient finir leurs jours ; l’existence dans l’Inde était magnifique, et, malgré leurs gros traitements, presque tous les employés civils se trouvaient profondément endettés. Les grandes villes de l’Inde, telle est la tradition du moins, pouvaient lutter, pour les agréments sociaux, le luxe et les plaisirs, avec les capitales