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LES FONCTIONNAIRES CIVILS

facile d’expliquer ce fait, dont les hommes qui ont administré depuis les premières années du siècle les colonies de la couronne ne sauraient s’enorgueillir. Tandis que dans les bureaux du ministère des colonies les bienfaiteurs des nègres, les réformateurs et les philanthropes couvaient tranquillement leur petit février colonial, la cour des directeurs demeurait un gouvernement fort et obéi, et restait fidèle, malgré les obstacles, aux bonnes vieilles traditions de despotisme colonial, en dehors desquelles il n’est que ruine et anarchie. Aussi, de tous les personnages contemporains qui ont été exposés aux attaques de la presse anglaise, il n’en est point qu’on ait plus conspué, plus honni, plus vilipendé, plus chargé de crimes de toute sorte que Old John Company, pour désigner sous son nom de guerre l’honorable compagnie des Indes. En ce moment, nous avons sous les yeux un petit pamphlet, véritable modèle du genre thunderer, dont nous prendrons la liberté de citer le titre : Tyranny in lndia !  !… Englishman robbed of the blessing of trial by jury and English criminal Law !  ! Christianity-insulted !  ! Le tout, y compris les six points d’admiration, publié cà Londres en 1850, par un auteur qui a modestement gardé l’anonyme.

L’administration indienne, il faut bien le reconnaître, a partagé, malgré ses services, l’impopularité de ses chefs. Le courant des idées démocratiques, si puissant en Angleterre, ne pouvait en effet épargner un service spécial, magnifiquement rétribué, et recruté presque par hérédité dans les mêmes familles. De plus,