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LES ANGLAIS ET L’INDE

lieu pestilentiel où ils vivent. Un planteur d’indigo, homme bien élevé et de bonnes manières, vivait à la station dans les meilleurs termes avec le magistrat et le juge de son district, laissant à un intendant ou gomashah le soin de conduire les affaires d’une factorerie où il ne séjournait pas. Des plaintes contre les abus d’autorité auxquels se livrait le planteur furent portées à plusieurs reprises au magistrat ; mais ce dernier, bien convaincu des instincts de droiture de son voisin, n’y accorda d’abord aucune attention. Ces plaintes devinrent cependant si fréquentes et furent accompagnées de circonstances si positives, que l’homme de la loi résolut d’éclairer sa conscience par une sévère investigation. Il s’agissait d’un champ de riz que le planteur avait, disait-on, fait labourer pour y semer de l’indigo, et le darogah, chef de la police native, confirmait le fait de son témoignage. Le magistrat vint planter sa tente sur le théâtre du délit présumé, et somma le planteur de se rendre auprès de lui pour s’expliquer sur sa conduite. Celui-ci répondit sans délai à l’appel légal, et, exprimant au magistrat son regret qu’il eût pu prêter l’oreille à de pareilles calomnies, le supplia de consulter les personnes désintéressées dans la question, les natifs, par exemple, qui se trouvaient à cet instant dans les champs. Les travailleurs à portée furent aussitôt amenés devant le magistrat, et déclarèrent devant lui que le planteur était un maître cruel, mais que jamais, à leur connaissance, le champ indiqué n’avait été ensemencé en riz par le plaignant. Faut-il ajouter que les natifs qui avaient