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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

puériles superstitions ? N’est-ce pas une chose unique dans les annales du monde que cette population conquise de plus d’un million d’individus au milieu de laquelle un état-major d’une demi-douzaine de magistrats de race étrangère, appuyés d’un millier de baïonnettes natives, suffisent pour maintenir un ordre absolu ? Ce glorieux épisode d’histoire intime parle en termes bien éloquents des hauts faits de la race anglo-saxonne en ces contrées lointaines, et si devant un pareil spectacle le rhéteur peut s’apitoyer en termes ronflants sur le sort de ces populations qui portent le joug de la domination étrangère, l’observateur impartial doit reconnaître que la Providence a pris en pitié les blessures saignantes de l’Inde le jour où elle a permis que le grand édifice de la puissance anglaise s’élevât sur les ruines vermoulues des gouvernements natifs. Est-ce assez toutefois pour les conquérants de l’Asie d’avoir fait succéder des années de paix profonde aux années de luttes intestines ? Est-ce assez de l’ordre matériel absolu qui, sous l’empire de leurs lois, règne dans le plus grand empire qu’ait jamais vu le monde ? Non, sans doute. Pour justifier les faveurs de ce Dieu des batailles, qui a remis entre ses mains le sort de plus de cent cinquante millions d’hommes, l’Angleterre a d’autres devoirs à remplir. Il faut relier entre eux par des lignes de fer les grands centres du nord et du sud, il faut ouvrir des routes dans tous les districts, creuser des canaux partout. Il reste à formuler un bon svstème d’éducation pour les natifs, à organiser surtout une police honnête et vigilante… De la besogne pour