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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

seul de Decamps pourrait reproduire dignement sur la toile. Notons pour terminer que ce qui distingue particulièrement cette foule, c’est son caractère inoffensif et bon enfant, son respect pour l’autorité : le voyageur européen peut circuler au plus épais de ses rangs sans entendre de brutales apostrophes ou rencontrer des regards haineux.

Il ne sera peut-être pas sans intérêt de dire un mot de la vie européenne au milieu de ces populations primitives ; j’ai d’ailleurs une dette de reconnaissance à acquitter envers le digne hôte auquel je suis redevable d’avoir assisté aux fêtes du pèlerinage d’Hurdwar sans avoir eu à supporter toute sorte de privations. Dans le charmant jardin du bungalow où était établi son quartier général, M. R., le commissioner du district, avait pris soin de faire dresser au milieu des arbustes en fleurs de vastes tentes à l’usage des visiteurs, auxquels il prodiguait l’hospitalité la plus aimable et la plus libérale. Peu d’épisodes, dans une vie passablement errante, m’ont laissé de plus agréables souvenirs que les quelques jours que j’ai passés au camp d’Hurdwar, et je conserverai longtemps la mémoire de ces longues et intéressantes promenades au camp des pèlerins, de ces gais repas, de ces whists de santé qui remplissaient si complètement la journée, vie facile et confortable, qui n’est pas sans avoir eu ses émotions tragiques. Un matin, au déjeuner, un mahout vint raconter qu’en passant sur la route, à un demi-mille environ du camp, il avait aperçu sur le rebord du chemin un tigre au repos qui semblait sur-