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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

hideux haillons, d’yeux noirs et de teints pain d’épice. Certaines scènes toutefois offrent un véritable caractère d’originalité : un révérend ministre (low church) dans le costume le plus correct, vêtement noir, cravate blanche, prêche sous l’abri d’une tente les vérités de l’Évangile à une foule qui a, je le crains bien, des oreilles pour ne pas entendre et des yeux pour ne point voir. Ici un cheval, effrayé à la vue d’un éléphant, s’enfuit en emportant à sa queue l’asile improvisé de plusieurs familles ; ou bien encore, c’est un chameau indocile qui, réduit à trois jambes comme il l’est par la prudence de son maître, n’en trace pas moins à travers les frêles habitations une course plus destructive que ne pourrait l’être celle d’un boulet. Des milliers de cuisiniers cuisinent en plein air ou sous l’abri de quatre planches toutes sortes de fritures nauséabondes ; à l’étalage de cent boutiques de confiseurs s’élèvent des monceaux de sucreries d’un aspect peu engageant, et dont les natifs sont si friands, que l’on raconte qu’à un jour de victoire un gouverneur général, lord Ellenborough, ne crut pouvoir mieux récompenser ses cipayes qu’en leur faisant servir double ration de sucre d’orge. Notons encore pour mémoire des boutiques de grains, d’étoffes de toutes sortes, d’objets de sculpture d’un goût tout primitif, et sous l’ombre des arbres des jardins les écuries de marchands de chevaux venus de Caboul. Je distingue parmi leurs animaux plusieurs chevaux d’un blanc nuancé de rose, avec des yeux rougeâtres, sortes d’albinos de l’espèce chevaline que les princes natifs