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LES ANGLAIS ET L’INDE.

et qui m’arrive dans un cabriolet vert à un cheval, est un des spécimens les plus effrayants des funestes influences de l’opium qu’il m’ait été donné de rencontrer. Il a quarante ans à peine, et ses traits flétris, sa peau collée sur les os, ne seraient pas déplacés sur les épaules d’un octogénaire. Rien ne manque à la décrépitude de cette vieillesse anticipée, et l’on ne peut s’expliquer par quel miracle ces mains tremblantes et ces yeux éteints parviennent à guider le pinceau avec une délicatesse de touche digne de madame de Mirbel.

V. Hurdwar.

À partir de Meerut, le voyageur dont la course se dirige vers le versant est des montagnes de l’Himalaya doit renoncer au confort relatif de la petite voiture dans laquelle il a parcouru le Great-Trunk-Road, et avoir recours à cet exécrable et primitif véhicule, le palanquin. Ramenons un peu à sa plus fidèle expression ce véritable luxe de l’Inde, dont tant d’honnêtes gens se font une magnifique idée : une boîte de six pieds de long sur deux pieds et demi de large, que quatre humains ou soi-disant portent sur leurs épaules avec une vitesse moyenne de trois nœuds à l’heure et un cahotement incessant, accompagné d’une sorte de bêlement plaintif, qui finit par donner, sinon le mal de mer, du moins une sorte de vertige. Joignez à ces agréments qu’un porteur de flambeaux, dont l’usage, lune ou non, renforce votre attelage, prend particulièrement à tâche de vous jeter aux yeux les éclairs de sa torche, et vous