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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

la begum en turban rouge, en robe de mousseline, le houkah à la bouche, avec un profil de polichinelle pain d’épice, où le peintre assurément n’a pas fait acte de flatterie ; Dyce Sombre, au teint de lis et de rose, revêtu d’un uniforme d’attaché fort ressemblant ; enfin, au milieu d’une série d’habits rouges, les généraux Allard et Ventura, les derniers représentants de ces chevaliers d’aventure dont le courage et les talents militaires ont tenu longtemps en échec la course triomphante de l’étoile de l’Angleterre en ces contrées lointaines, race martiale, digne d’un nom dans l’histoire de l’Inde, où elle n’est plus représentée aujourd’hui.

Il est temps de reprendre l’ordre chronologique du voyage, et, revenant sur nos pas, d’entrer dans les murs de Dehli, où le voyageur se trouve, comme à Agra, en présence des souvenirs de la puissance des empereurs mogols. Riche est la mine de renseignements et de chefs-d’œuvre que les antiquaires et les savants exploiteront peut-être un jour au milieu de ces plaines où s’est élevée la Rome indienne : nous n’aurons pas l’exorbitante prétention d’empiéter sur leurs domaines, et c’est toujours à vol d’oiseau que nous visiterons le Dehli d’aujourd’hui, en ne disant que quelques timides mots du Dehli d’hier.

Le fort de Dehli, bâti sur un plan assez semblable à celui du fort d’Agra, renferme dans son enceinte le palais qui sert d’asile à l’humble et dernier représentant des empereurs de l’Inde. La seule partie du palais accessible aux étrangers se compose de salles de marbre