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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

sa femme sur le territoire de Chandernagor. Le sauf-conduit fut accordé ; mais les bataillons, instruits des négociations de Levassoult, levèrent immédiatement Fétendard de la révolte et partirent en armes pour le saisir avant qu’il eût pu mettre à exécution ses projets de retraite. Instruit de rapproche des rebelles, le couple partit au milieu de la nuit, la begum en palanquin, Levassoult à cheval. La position était terrible ; l’officier français ne pouvait se dissimuler les affreux traitements qui l’attendaient, lui et sa femme, si un sort contraire les faisait tomber entre les mains des soldats révoltés : aussi annonça-t-il à la begum qu’il était déterminé à ne pas se laisser prendre vivant, et cette dernière lui affirma sous serment que cette résolution suprême était aussi la sienne. Après quelques heures d’une course haletante, les fugitifs durent comprendre que les rebelles approchaient rapidement et les atteindraient sous peu. Levassoult, monté sur un bon cheval, eût pu fuir promptement en abandonnant sa femme ; mais son cœur se révolta à cette lâcheté, et il lui demanda si elle était toujours résolue à échapper par la mort aux indignités qui lui étaient réservées. La begum, pour toute réponse, montra à son mari un poignard qu’elle tenait d’une main ferme, et l’on continua de fuir, mais sans succès. Les vociférations des révoltés retentissaient à peu de distance ; les porteurs épuisés du palanquin ralentissaient leur course, lorsque de ses flancs dorés s’exhala un cri d’agonie, et les yeux terrifiés de Levassoult virent les mousselines dont le corps de sa femme était enve-