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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

mettre le feu à sa robe de bure et de la lancer, ainsi métamorphosé en tunique de Nessus, au tigre, qui s’éloigna incontinent, si bien que le moine put regagner son domicile dans un costume défectueux sans doute, mais tous les membres intacts du moins.

Ces anecdotes, passées à l’état de tradition historique dans l’évêché d’Agra, et qui après tout n’ont rien de trop invraisemblable, donnent une idée des dangers de toute sorte que rencontrèrent les premiers missionnaires dans ces pays barbares. Les choses ont changé depuis, et quoique le gouvernement de la compagnie ne témoigne pas d’une bien grande sollicitude pour les laborieux ouvriers de la foi catholique, il n’oppose du moins aucun obstacle à leurs pieux travaux. La mission d’Agra, outre une fort belle église, possède plusieurs maisons d’éducation pour les enfants des deux sexes. L’établissement des filles, dirigé par des dames françaises de l’ordre de Jésus et Marie, ne le cède en rien, pour la régularité et la bonne tenue, aux couvents les mieux organisés de l’Europe. Il se divise en trois catégories distinctes : la première, destinée aux enfants riches ; la seconde, aux orphelines catholiques des soldats de l’armée de l’Inde ; la troisième, aux enfants indiens catholiques. Malheureusement les dépositaires du pouvoir de l’honorable compagnie, sous l’influence de préjugés encore bien puissants en Angleterre, n’accordent qu’un insuffisant patronage aux efforts vraiment civilisateurs des dames de Jésus et Marie. Ainsi le gouvernement de l’Inde ne paye pour les orphelines militaires qui sont confiées au