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LES ANGLAIS ET L’INDE.

merveilleux travail de la grille de marbre du Tarje.

Agra ne se recommande pas seulement à la curiosité du voyageur par les souvenirs du passé : la prison centrale, dont il a été tracé une rapide esquisse dans une autre partie de ces études, est un établissement des plus intéressants. Il ne faut pas non plus passer sous silence les diverses maisons d’éducation qui dépendent de la mission catholique des provinces nord-ouest. Depuis longues années, les missionnaires français et italiens ont labouré le champ ingrat de l’Inde centrale, et durs et périlleux furent leurs premiers labeurs, exposés comme ils Tétaient à la cruauté de princes fanatiques, à l’inclémence du climat, aux attaques mêmes des bêtes fauves, hôtes de la jungle. Un bon petit père capucin de la mission d’Agra m’a conté à ce sujet deux anecdotes que je livrerai au lecteur dans toute leur naïveté. Un des premiers fondateurs de la mission cheminait un soir vers sa cabane, lorsqu’il se trouva tout à coup en présence d’un tigre du plus menaçant aspect. Dépourvu de tout moyen de défense, le vaillant père prit résolûment son parti, coiifa le capuchon de sa robe, et s’élança sur le tigre, qui, effrayé, s’éloigna au grand galop, comme s’il eût eu non pas un capucin, mais le diable à ses trousses. Une autre fois le même apôtre, pour échapper aux poursuites d’un autre tigre, fut obligé de se réfugier sur un arbre ; mais l’animal affamé, ou curieux de tâter du capucin, s’établit en sentinelle au pied de l’arbre. Longue et pleine d’anxiétés fut l’attente du pauvre père lorsqu’enfin, sous l’inspiration de son patron, il eut l’idée de