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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

tourée, s’il en faut croire la tradition, de circonstances surnaturelles qui expliquent le culte et la fidélité que son mari garda à sa mémoire. En travail d’accouchement, Nourmahal reposait sur son lit entourée de ses filles, lorsque l’on entendit soudain l’enfant geindre dans ses entrailles. Ces cris frappèrent de terreur Fassistance et la sultane, qui, voyant là un avertissement d’en haut, envoya immédiatement chercher l’empereur et lui dit que jamais mère n’avait survécu à un pareil présage, et qu’elle sentait sa fin approcher. Or, avant de mourir cependant, elle avait deux demandes à lui adresser : la première, de ne pas se remarier, pour que les enfants d’un autre lit ne vinssent pas disputer aux siens leur légitime héritage ; la seconde, qu’il mît à exécution sa promesse de lui bâtir un mausolée dont la magnificence fît passer son nom à la postérité. Nourmahal mourut quelques instants après cet entretien, et l’empereur, fidèle à son serment, fit élever à sa mémoire un temple où l’art et les magnificences de l’Orient ont dit leur dernier mot. Quelle plume pourrait rendre justice à l’harmonie des formes de cette poétique mosquée, bâtie au bord du fleuve, sur une terrasse flanquée de quatre tours, au milieu d’ombrages d’une éternelle verdure ! Quel pinceau pourrait reproduire la blancheur neigeuse de ces dômes aux élégantes proportions, ces suaves portiques enguirlandés d’arabesques de marbre noir et relevées de colonnes élancées ! À l’intérieur de l’édifice comme à l’extérieur, tout est marbre, marbre blanc ! Les dalles qui cou-