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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

beaux lieux, le plus prosaïque ne peut se défendre d’un mouvement d’enthousiasme : involontairement, sous son regard ébloui, cette solitude s’anime, les roses sont en fleur, l’eau jaillit dans ces fontaines desséchées, une foule respectueuse entoure le grave et noir personnage, couvert de pierreries, qui dicte la loi aux peuples de l’Inde. À la vue de ces beaux lieux, disons-nous, le plus prosaïque n’a pas besoin de grands efforts d’imagination pour se trouver en plein durbar de celui qui prenait les titres de « étoile de justice, soleil de puissance, roi des rois, empereur des empereurs, » suivant l’étiquette consacrée.

Adjacente à ce palais des Mille et une Nuits, dans l’enceinte des remparts, se trouve une autre habitation royale de construction antérieure. La pierre rouge a seule été employée dans cet édifice, dont quelques salles offrent d’élégantes sculptures et de gracieuses proportions. Par malheur, presque tous ces bâtiments tombent en ruine, et il ne reste de suffisamment conservée que la partie du palais consacrée aux prisonniers d’Etat, une série de petites cellules obscures, ouvrant sur un long corridor, au milieu duquel se trouve un profond abîme de véritables oubliettes qui, suivant mon guide, servaient de dernier asile aux sultanes qui avaient fait quelques mistake (traduisons, faux pas). Nous ne saurions quitter le fort sans visiter la mosquée connue sous le nom de Motee-Musjeed et bâtie par Schah-Jehan en 1656. Cet édifice, tout entier de marbre blanc, sol, murailles et dômes 3 ne renferme d’autres ornements