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LES FONCTIONNAIRES CIVILS

limites de leur traitement, ne fassent pas des vides qu’un secours opportun de la famille ou quelques années d’économie ne puissent facilement remplir.

On vient de suivre le writer jusqu’aux premiers pas de sa carrière officielle. Pour apprécier maintenant les devoirs qu’il aura à remplir comme magistrat, collecteur ou juge, il est nécessaire de dire quelques mots de l’état de l’Inde avant la conquête anglaise, et des conditions dans lesquelles cette conquête fut faite. Avant l’invasion mahométane, l’Inde ne jouissait pas, sous une monarchie universelle, d’un âge d’or gouvernemental. Divisée en petits royaumes, subdivisés eux-mêmes en principautés, son histoire ne présente qu’une longue suite de guerres intestines auxquelles la conquête mahométane vint mettre un terme sans assurer au pays des jours plus heureux. Fondé par la violence, l’empire mahométan exerça dans l’Inde un despotisme d’autant plus terrible que les conquérants étaient dominés par le fanatisme religieux. L’empire du Mogol était divisé en provinces ou soubah, dont le chef ou vice-roi était revêtu, comme délégué de l’empereur, de pouvoirs absolus en toutes choses, sauf en matière d’impôts. Le chiffre des impôts de chaque province était fixé par l’empereur de Dehli, et un officier spécial institué par lui, le dewan, avait mission de les percevoir. On comprend tous les vices de ce système. Le dewan tirait des populations des sommes plus considérables que celles dont il devait compte à l’empereur, et achetait par des présents le bon vouloir et le silence du vice-roi. De plus, des princes