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LES ANGLAIS ET L’INDE.

tombeau, un caprice royal a rassemblé une bizarre collection de bric-à-brac, où l’on remarque en première ligne les systèmes d’éclairage les plus divers : le simple quinquet, la lampe Carcel, des lustres à girandoles, des chandeliers titans de cristal armés de globes de toutes couleurs, jaunes, verts, violets, rouges. Viennent ensuite d’assez curieuses pièces d’argenterie représentant des femmes à queue de paon, un satyre en uniforme classique, deux tigres d’émail vert presque de grandeur naturelle, et sur la muraille, au milieu de faisceaux de sabres rouillés et de pistolets hors de service, des tableaux mécaniques représentant un chemin de fer ou un bateau à vapeur sur une mer agitée. Ce singulier capharnaùm est situé à l’une des extrémités de la ville, et en revenant à la résidence, nous aurons occasion de saisir au passage quelques traits particuliers de cette cité et de cette population vraiment orientales.

Lucknow doit prendre, rang parmi les cités les plus peuplées du monde, et l’on reste au-dessous de la vérité en évaluant sa population à cinq cent mille individus. Aussi partout dans les rues se presse une foule compacte dont votre éléphant et votre escorte ouvrent les rangs non sans peine. Au milieu de cette multitude couverte de haillons, l’on retrouve cependant quelques scènes qui rappellent les luxes de l’Inde au bon vieux temps. Un dignitaire de Fempire, vêtu de mousseline blanche, coiffé d’un coquet turban orné d’une aigrette d’oiseau de paradis et d’une plaque de diamants, s’avance sur un