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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

de se faire bâtir un nouveau palais, l’usage veut que les cérémonies du couronnement soient accomplies dans un édifice spécial où se trouve une salle du trône, théâtre de bien des tragédies. Les murs portent encore les traces du combat que l’autorité anglaise fut obligée de livrer en 1839, pour empêcher une rannee ambitieuse de mettre la couronne sur la tête de son fils favori, à l’exclusion de l’héritier légitime, le roi actuel. Le trône, tout entier d’argent, incrusté de pierres précieuses, est un assez respectable morceau d’orfèvrerie autour duquel veille une collection de sentinelles de la tournure la plus prodigieuse. Les costumes débraillés du carnaval de Paris ne peuvent donner une idée du délabrement de l’uniforme des soldats du roi d’Oude. Des shakos tromblons au fond avarié, des plumets impossibles, des vestes rouges sans manches, et, en manière de compensation, des manches rouges sans veste, des pantalons couverts d’arabesques de toutes couleurs et qui offrent souvent les plus déplorables lacunes, — ce n’est là vraiment qu’un crayon imparfait de ces fantastiques militaires auprès desquels les mendiants espagnols les plus déguenillés peuvent être considérés comme des hommes bien mis. La population du royaume d’Oude fournit cependant la plus grande majorité des cipayes de l’armée du Bengale, dont l’on peut voir des spécimens de la meilleure tenue à la porte de la résidence anglaise ; mais si le gouvernement régulier et le trésor bien rempli de l’honorable compagnie peuvent métamorphoser en soldats d’une allure tout européenne les hommes pri-