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LES ANGLAIS ET L’INDE.

pressif dans l’air vous annonce que vous traversez des régions où les démons de la peste et du choléra siègent en permanence. Au milieu de ces foyers de pestilence circule une population hâve, terreuse, couverte de loques indescriptibles ; à chaque pas, vous vous trouvez en présence d’un bœuf sacré, aussi fier que pouvait l’être Apis aux plus beaux jours de sa puissance, et tout prêt à défendre à la pointe de ses cornes le privilège du haut du pavé. La présence de ces animaux, qui pullulent presque autant dans la ville indienne que les chiens dans les bazars de Constanlinople, est une véritable calamité contre laquelle l’autorité anglaise ne peut prendre que des mesures secrètes : car les habitants regardent avec une vénération tout égyptienne ces quadrupèdes, qu’ils nourrissent pieusement. Il est, en effet, de croyance avérée parmi les Hindous que si on lâche un taureau sacré, à la mort, d’un parent ou d’un ami, l’animal emporte à la pointe de ses cornes tous les péchés du défunt, auquel cette manière d’expiation évite de revenir à la vie pour des milliers d’années, sous les espèces désagréables d’un ver de terre ou d’un crapaud : aussi n’est-ce qu’à la dernière extrémité, alors seulement que la population bovine a par trop augmenté, que les magistrats se décident à délivrer la cité de ces hôtes importuns. À la nuit, des hommes de police font main-basse sur les quadupèdes, qu’ils conduisent dans des jungles voisines où des léopards incrédules et des tigres esprits-forts ont bientôt fait justice des prétentions des bœufs-dieux. Ajoutons en passant qu’au rez-de-chaussée des maisons se trou-