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LES ANGLAIS ET L’INDE.

temples hindous, peints de couleurs tranchantes, avec des coupoles en mitre d’évêque, des ornements bizarres, des dorures à profusion, adoucissent la sévérité de ce tableau, que termine majestueusement la mosquée d’Aurengzeb, monument de conquête qui s’élève en vainqueur sur une éminence aux limites de la ville.

Mais c’est surtout au lever du soleil que le panorama de la cité sainte présente aux yeux du voyageur un spectacle plein d’animation et de fantaisie. Les escaliers géants sont couverts d’une population de baigneurs qui monte et descend comme le flux et reflux sur la plage : au milieu de ses rangs pressés, des taureaux sacrés avec leur accent circonflexe sur le dos circulent d’un pas lent plein de dignité. Des gardiens d’un aspect récalcitrant, en turban rouge, le sabre au côté, assis dans des tribunes au bas du ghaut, surveillent d’un œil anxieux la foule des baigneurs, et exigent même des plus pauvres le tribut de quelques cowries. Une innombrable multitude d’hommes, de femmes, d’enfants, frétillent dans les ondes, tandis qu’aux dernières marches des ghauts des milliers de petits pots de cuivre déposés par les baigneurs reflètent en éclats brillants les rayons du soleil. Quoique le très-petit nombre se hasarde seul au milieu des eaux, les catastrophes ne laissent pas d’être assez fréquentes parmi eux. Tous ces accidents ne doivent pas être attribués à des imprudences ou au hasard. Des malfaiteurs habiles dans l’art de plonger saisissent et entraînent, dit-on, sous les eaux les femmes et les enfants pour s’emparer de leurs pendants d’oreille et de leurs brace-