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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

des associations rivales. Enfin dans les brancards un cheval au flanc retroussé, d’aspect mélancolique, rétif neuf fois sur dix, s’il ne se décide à quitter son écurie qu’après mille difficultés, poursuit sa carrière, une fois commencée, à un triple galop que viennent souvent interrompre les plus déplorables catastrophes. On a mainnant une idée à peu près exacte de l’appareil qui conduit par le Great-Trunk-Road à Bénarès, Lucknow, Agra, Dehli, et que nous n’abandonnerons que pour aller faire le curieux pèlerinage d’Hurdwar.

Il ne sera peut-être pas hors de propos de dire ici quelques mots de la vie et des plaisirs du voyageur sur cette longue route. Pendant neuf mois de l’année, les chaleurs torrides qui suivent immédiatement le lever du soleil forcent le touriste à s’arrêter dès le matin et à se réfugier dans les bungalows que le gouvernement anglais entretient sur le Great-Trunk-Road de distance en distancerais il ne faut pas s’exagérer les ressources de ces établissements. Des murs blanchis à la chaux, une table, un lit, deux chaises, un lavabo à cuvette de cuivre, composent uniformément le mobilier de ces asiles publics, Quant aux ressources culinaires, il est facile d’en dresser le menu : du riz, des œufs et une poule qui chante encore à l’arrivée du voyageur, et qui ne se présente devant lui qu’écrasée à la crapaudine, les pattes jointes en manière d’invocation comme pour s’excuser de l’aliment insipide et coriace qu’elle offre à son appétit. Disons toutefois que ces établissements hospitaliers sont généralement tenus avec une grande pro-