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LES ANGLAIS ET L’INDE.

fort peu considérable, et qu’elle ne compte de lecteurs que parmi le Young Bengal, qui, né d’hier comme le Young England, est déjà bien cacochyme aujourd’hui.

Si maintenant, pour résumer ces observations sur la communauté anglo-indienne de la ville des palais, nous devions parler en termes amers de sa moralité, nous garderions le silence, car le silence, à notre avis, est la seule critique qu’un voyageur qui comprend ses devoirs puisse se permettre contre ceux dont il a mangé le sel, suivant la métaphore orientale. D’ailleurs les touristes atrabilaires sont une espèce trop commune parmi la gent voyageuse pour que nous soyons très-soucieux de grossir leurs rangs et de refaire ces tableaux d’abominations et de désolations que des miss puritaines ou des John Bulls renforcés ont donnés comme la plus lidèle expression des Anglo-Indiens peints par eux-mêmes. C’est là en effet un des caractères les plus étranges de nos voisins d’outre-mer que cette impitoyable énergie avec laquelle ils portent le scalpel au plus profond des viscères de la famille anglaise : amour de la vérité, disent les uns ; habitude d’oiseau mal élevé qui ne respecte pas son propre nid, disent les autres. Sans prononcer entre ces deux opinions, également fondées peut-être, nous croyons n’être que vrais en disant que la communauté anglo-indienne des bords du Gange n’est ni plus mauvaise ni meilleure que son aînée des côtes de la Manche, et que l’adultère, les orgies, les transactions scandaleuses n’y sont pas plus à l’ordre du jour qu’ils ne le sont à Londres ou à Paris. Si le vice brutal de l’ivro-