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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

d’État, les journaux indiens ne reçoivent que de seconde et troisième main les grands sujets de discussion qui remuent le monde, et leur polémique propre est circonscrite ordinairement dans des questions d’intérêt local, de promotions subalternes, de petits scandales auxquels des publicistes même habiles, et la presse coloniale en compte dans ses rangs, ne sauraient donner grand intérêt. Pour éveiller la curiosité publique, le journaliste anglo-indien accueille sans long examen tout ce qui peut l’aider à remplir son cadre, et accorde ainsi une préférence pleine de périls aux choses militaires. Il n’est point de lieutenant conduit par ses fredaines devant une cour martiale, de brebis galeuse, black sheep, chassée de son régiment par le mépris de ses camarades, qui ne trouve dans certains journaux indiens des avocats sympathiques tout disposés, quelles que soient les fautes du délinquant, à le poser en victime digne d’intérêt d’un pouvoir injuste et arbitraire. De plus, s’agit-il d’une expédition militaire ; l’officier qui veut prendre la peine de tenir le journal indien au courant des événements peut, en revanche, se poser dans les colonnes en petit César et distribuer autour de lui le blâme et l’éloge. De là certaines réputations guerrières faites à coups de plume, dont la renommée s’est étendue jusqu’en Europe.

Si cette intervention continue de la presse anglo-indienne dans les choses militaires présente de véritables dangers, il faut reconnaître, d’un autre côté, que les abus de pouvoir, les scandales commerciaux sont deve-