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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

gnons dont les exploits ont presque donné un monde à une patrie ingrate et oublieuse ; mais il y a dans cette société des premiers jours de l’Inde des épisodes dramatiques, des instincts généreux qui fourniraient sans contredit un intéressant sujet de récit à une plume habile. Dans le gouvernement, les rivalités, les haines personnelles compromettent le salut de l’empire, et ses plus hauts dignitaires n’hésitent pas à avoir recours entre eux à l’argument de l’épée et du pistolet ; dans la vie privée, des excès constants de table et de jeu ; short and merry est la devise que chacun met en pratique. Tout Européen vit entouré, comme un véritable patriarche, d’une douzaine de noires beautés. Voici l’éditeur d’un journal plein de scandales qui raconte froidement la tentative d’assassinat qui a eu lieu contre lui la veille, et si vous regardez à la première page, vous y trouverez la très-singulière annonce que voici : a Vente à l’amiable de deux jeunes garçons cafres appartenant à un abbé portugais et jouant parfaitement du cor de chasse. » Enfin, pour terminer par un trait saillant ce croquis hâtif des jours passés, un des amis du gouverneur Vansittart l’institue par testament héritier de ses dettes, et ce dernier accepte et fait honneur à ce legs, au moins singulier.

C’est à cette période d’agitation qu’il faut remonter pour arriver à l’origine de la presse anglo-indienne : la première feuille anglaise, Hickey’s Gazette, du nom de son fondateur, parut dans l’Inde en 1780 ; mais la presse anglo-indienne n’acquit une importance relative qu’au