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LES ANGLAIS ET L’INDE.

Calcutta ont presque entièrement disparu. Les bâtiments de la douane s’élèvent sur l’emplacement du vieux fort, et le marquis de Hastings, pour ne pas laisser subsister le témoignage écrit du jour de la plus grande humiliation que la puissance anglaise ait subie dans l’Inde, a fait disparaître une colonne élevée aux victimes de la catastrophe du Black-Hole par les survivants de cette nuit terrible. Le fort William, construit sur la rivière, en aval de la ville, fut commencé en 1757, après la bataille du Plassey, et bâti sur les plans d’un ingénieur français nommé Boyer, dans d’assez vastes proportions pour pouvoir contenir en cas d’attaque toute la population européenne. L’habitation du gouverneur général se trouvait à l’intérieur du fort, et ce fut seulement en 1799, sous l’administration du marquis de Wellesley, que fut commencé le palais actuel du gouvernement, Si les bâtiments les plus anciens de Calcutta datent à peine d’un siècle, les quartiers et les rues de la ville semblent avoir été nommés aux meilleurs temps de la tour de Babel. L’hindostani, le bengali, le portugais, l’anglais, se coudoient dans ce vocabulaire étrange. Ainsi Alipore, Chowringhee, Cossittolah, Mourgiattah, Hare-Street ! désignations dont les antiquaires futurs auront grand’peine à retrouver les étymologies.

C’est à peine d’ailleurs si quelques fugitifs souvenirs lient dans l’Inde le jour présent à la veille, et les générations qui s’y succèdent ne laissent derrière elle que des traces bientôt oubliées de leur passage. En effet, il n’existe point de vieillards dans la colonie anglaise de