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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

les cavaliers, le fer en avant, le pressent de toute la vitesse de leurs chevaux, et bientôt le sort de l’infortuné quadrupède est décidé : il est mort de la mort des braves, son flanc ouvert saigne par vingt ouvertures. Honneur à qui a porté le premier coup, à qui a gagné le first spear ! La course en terrain découvert ne se prolonge guère plus de dix minutes ; mais comme le terrain est généralement fort mauvais, il n’est pas rare qu’elle soit illustrée de catastrophes équestres. Ce ne sont pas là au reste les seuls dangers qui, dans ce noble sport, mettent à l’épreuve les nerfs du cheval et du cavalier : il arrive souvent que le cochon poursuivi se retourne résolûment, et, chargeant galamment ses ennemis, ne leur laisse qu’une victoire chèrement achetée par de profondes blessures. Le cochon mort devient la proie d’une multitude de natifs qui viennent faire curée à coups de hache, tandis que les chasseurs s’éloignent de ce répugnant spectacle pour chercher d’autres victimes.

Vers midi, le soleil est à son zénith, les chevaux sont haletants, les estomacs creux, les gosiers embrasés, toutes les gourdes à sec : il est temps de procéder au tiffin, et les cantines sont ouvertes sous l’ombrage imparfait du premier bouquet d’arbres à portée. En un clin d’œil les chasseurs harassés sont étendus sur des bottes de paille, avec des viandes froides, des pains, des bouteilles au long col, un rocher de glace qui pleure au soleil ; mais ce qui donne surtout un cachet original à ce tableau, c’est la présence d’une nuée de natifs qui,