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LES ANGLAIS ET L’INDE.

Fils-du-Soleil, et enfin le Rosier-Fleuri, du haut duquel feus, pour la première fois de ma vie, l’honneur de faire face à un tigre.

Après avoir passé la nuit sous une tente qu’il a eu soin d’envoyer à l’avance, dès l’aurore, le chasseur est debout. La tasse de café, le cigare, une visite aux chevaux, les soins de la toilette et du déjeuner, et le moment du départ est arrivé. Le coup d’œil que présente alors le camp est plein d’originalité, non pas que l’uniforme des sportsmen du Tent’s club, chemise de flanelle, culotte de peau ou de velours, bottes à revers, chapeau solah, soit des plus élégants ; mais il y a là, en guise de meute, une douzaine d’éléphants avec leurs mahouts ; trente chevaux, montés ou conduits à la main, piaffent et hennissent ; chaque cavalier est suivi d’écuyers et de varlets qui, comme au bon vieux temps, et mieux qu’au bon vieux temps, portent ses lances de rechange et sa gourde pleine de thé, de grog ou de Champagne, qu’une enveloppe de flanelle mouillée maintient à une température équitable.

Le théâtre de sport est généralement peu distant des tentes. Les éléphants, rangés en bataille dans la jungle, s’avancent lentement en frappant le sol de leur trompe, tandis qu’à la lisière les cavaliers, la lance au poing, attendent le débucher du cochon sauvage. Pressé parla ligne des batteurs, effrayé de leurs cris retentissants ; après mille ruses, l’animal se décide à quitter son asile de hautes herbes et de palmiers nains. Le voilà parti, qui roule dans la plaine comme une énorme boule noire,