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LES ANGLAIS ET L’INDE.

dehors, sous un beau ciel des tropiques, s’étend une plaine à perte de vue, au milieu de laquelle se dessinent les ouvrages du fort William et les mâts des navires à l’ancre dans les eaux du Gange. C’est un coup d’œil à la fois étrange et splendide, qui donne à l’arrivant une haute idée des luxes de l’Inde. Et puis, entre les convives, les manières sont franches et cordiales, aussi éloignées du sans-façon que de la roideur. Votre voisin de droite, ce haut personnage du conseil ou des secrétaireries du gouvernement de l’Inde, dont la démarche solennelle et le majestueux port de tête vous ont paru jusque-là si imposants, vous le retrouverez à la table du club ce qu’il est réellement, un gentleman instruit, bien élevé, obligeant, qui n’a d’autre défaut que de se prendre, à certaines heures, au sérieux et sa femme aussi ! La riche santé que celle de votre voisin de gauche, ce monsieur pansu, aux joues rubicondes ! Assurément ce type d’excellente graisse est au jour de son débarquer, ou les voyageurs ont étrangement calomnié le climat de l’Inde !… Profonde erreur, cette royale fourchette bâtie sur le modèle du Silène, sinon du Bacchus indien, appartient à la landed gentry, race robuste qui plante de l’indigo, déjeune à la fourchette, goûte à deux services, dîne comme vous pouvez voir, et dépasse la soixantaine, en dépit du climat du Bengale et des alcools.

Le Bengal club, outre les ressources de sa table publique et de ses salles de réunion, offre à ses membres des chambres et même des appartements, si bien qu’un