Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/343

Cette page n’a pas encore été corrigée
333
DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

plus infirme, plus mélancolique à voir que ce pauvre comte de la triste figure dont les précoces rhumatismes effraient le spectateur au second acte de Lucrèce Borgia, un ami que vous avez laissé dans la plus luxuriante santé… Et ce n’est pas pour avoir soupé à la vigne du saint-père, si je puis emprunter sa phrase à M. Victor Hugo.

Des rafraîchissements choisis, un soupé fort bien servi, avaient été préparés par les soins de l’amphitryon, et nous eûmes la preuve que l’on faisait honneur à son Champagne. Au plus beau de la danse des bayadères, des hurrahs frénétiques, partis de la salle aux rafraîchissements, vinrent ébranler les murailles de la maison, et nous apprîmes bientôt que ces acclamations saluaient un toast porté par de loyaux Américains au président Fillmore, à mistress Fillmore et à tous les petits Fillmore. — And God bless them ! cria une voix retentissante, habituée à dominer le mugissement des flots. Tout peu républicain que je suis, je puis affirmer que je m’associai à cette patriotique et bruyante invocation.

Il est temps de dire quelques mots de la société européenne de Calcutta, et comme transition je saisis au vol ce dialogue, qui se tient en ce moment entre deux Anglo-Indiens, s’est tenu il y a cinq minutes, se tiendra dans cinq minutes encore : No gaieties going on. — None. — What stupid place is Calcutta ? — The most slupid place in the world. Pour ne pas décider à la légère, j’ajouterai, en preuve à l’appui de ce sévère jugement, la liste des