Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée
331
DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

d’une petite palissade, et dont le sol a été fraîchement remué, renferme les lutteurs et leurs maîtres : ces derniers, de vénérables personnages en robes de mousseline, en turban de cachemire ou de soie brodée d’or ; les autres nus, sauf un caleçon infinitésimal et offrant aux yeux des proportions dignes de l’antique. Quant à la lutte elle-même, comme je ne suis point initié aux secrets de l’art, le spectacle m’en a paru assez maussade ; mais j’étais évidemment le seul de cet avis, à en juger par l’émotion de la foule au moment du combat et par les applaudissements frénétiques dont elle saluait les athlètes vainqueurs.

La munificence des riches babous, qui défraient les dépenses de ces divertissements publics si chers à la population native, s’exerce aussi à certains jours au profit de la société européenne de Calcutta. Voici quelques traits d’un rout anglo-indien qui ne manquent pas d’originalité. Par un singulier caprice de l’amphitryon, il fallait, pour arriver aux salles de réunion, suivre un véritable cours d’histoire universelle illuminé en verres de couleur, car l’allée qui conduisait à l’habitation était ornée de statues de carton peint empruntées aux époques les plus diverses de l’histoire de l’homme : Adam et Ève chassés du paradis, Hercule terrassant l’hydre de Lerne, Romulus et Rémus sous leur louve, Coriolan, François Ier, lord Nelson, l’empereur Napoléon, le duc de Wellington, la reine Victoria, et au milieu de toute cette belle compagnie, fort étonnées de s’y trouver, certaines célébrités filantes de 1848, dont je