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LES ANGLAIS ET L’INDE.

énorme langue toute plantée d’aiguilles ; en voici un troisième dont le dos est lardé de flèches ni plus ni moins que l’est de lard l’estomac d’une poularde à la financière. Ce ne sont là toutefois que des épreuves préliminaires, le petit jeu en attendant le grand, réservé pour le dernier jour de la fête. À ce jour-là, le sannyassi mérite définitivement les bonnes grâces de la divinité en se faisant accrocher par le dos à une sorte de potence, et en planant ainsi suspendu au-dessus d’une foule idolâtre qui le salue de ses cris et de ses applaudissements.

Toutes les réjouissances publiques de la population native ne portent pas ce caractère de superstition brutale et sauvage, et à certains jours on la voit accourir pour assister à des sortes de jeux olympiques, où l’exercice de la lutte joue le plus grand rôle. La lutte est en effet un des plaisirs favoris des natifs, et il est de fashion parmi les riches babous, au lieu d’une écurie de course ou d’une meute de chasse, d’entretenir des athlètes qu’ils engagent les uns contre les autres pour des sommes souvent considérables. Une vaste cour entourée de bâtiments à un étage, aux toits en terrasse, écuries, magasins ou usines, est le cirque improvisé où se célèbrent ces jeux renouvelés des Grecs. Pressée sur cinq et six rangs et couvrant la plate-forme des toits, la foule suit avec un intérêt palpitant tous les incidents du sport, et ces milliers de corps nus, de têtes brunes, de chevelures noires, suspendus entre ciel et terre, ne sont certainement pas un des traits les moins curieux du tableau. Au milieu de la cour, une enceinte entourée