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LES ANGLAIS ET L’INDE.

en droit de lui faire la moindre remontrance à ce sujet.

Ajoutons, pour terminer un crayon ressemblant de la domesticité indienne, qu’elle est loin de mériter la réputation d’improbité qui lui est échue en partage. Il est presque sans exemple que des vols importants aient été commis par des domestiques chez leurs maîtres. Toute leur industrie s’exerce sur de vieux bas, des mouchoirs hors de service, quelques roupies oubliées dans la poche d’un gilet ou sur le coin d’une table. La chose est d’autant plus à remarquer que pendant neuf mois de l’année les maisons dans l’Inde restent littéralement ouvertes nuit et jour, portes et fenêtres. Aussi je n’hésite pas à dire qu’eût-on à son service une douzaine d’Européens, pris sans certificat valable, sans recommandation d’aucune sorte, comme l’on prend les domestiques dans l’Inde, l’on devrait certainement, en fin d’année, décerner le prix de moralité à la peau noire et non pas à la peau blanche. Cette probité relative des serviteurs indiens, que je me plais à constater, ne prend pas sa source, sauf de bien rares exceptions, dans des sentiments de reconnaissance pour le maître dont ils mangent le sel, mais bien dans la crainte du châtiment légal La reconnaissance est un sentiment étranger à l’immense majorité de la race asiatique. D’ailleurs les relations de maître à domestique, telles qu’elles existent dans l’Inde, ne sont pas faites pour inspirer à ces derniers l’affection et le dévouement. Les rapports du maître avec ses serviteurs ne sortent jamais des limites de leur service :