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LES ANGLAIS ET L’INDE.

gonflé, la face douloureuse. « Eh bien ! mon ami, how do you do ! dit le premier. — Ah ! mal, très-mal, répond le second, le gros babou de la nuit dernière me pèse horriblement sur l’estomac. »

Pour compléter cet aperçu des variétés de la population zoologique de Calcutta, il faut mentionner, au moins pour mémoire, les cancrelats, les lézards, surtout les rats, hôtes inféodés du palais du nabab aussi bien que de la hutte du pauvre hindou, et enfin les chacals qui, à la nuit, envahissent la ville par bandes et saluent les habitants de sérénades dont la maussade harmonie fait presque regretter les concerts diurnes des corbeaux.

Je pense ne pas m’écarter de l’ordre le plus logique en passant sans transition de ces plaies du Bengale aux domestiques indiens. Du jour où l’étranger a mis le pied sur les rives du Gange, il ne s’appartient plus, il est devenu la propriété, la chose d’une douzaine au moins de sauvages qui, sous prétexte de domesticité, prennent possession de sa maison et de sa personne, et s’attachent à ses pas, qu’ils ne quittent pas plus que son ombre : témoin l’aventure de ce gouverneur général nouveau débarqué qui sortit par un beau matin pour payer à la nature, dans le parc de Barrackpore, un de ces tributs que payent même les gouverneurs généraux, et fut fort étonné, en se retournant, de trouver derrière lui son porteur d’ombrelle (chatti wallah) au port d’armes, aussi fier et majestueux que s’il eût monté la garde sur les marches du trône d’Aurengzeb.