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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

moins à profiter d’une opportunité favorable pour dérober au garde-manger quelque plat de choix. Si sûrs même sont-ils de l’indulgence acquise à leurs méfaits, qu’il n’est pas rare de les voir, juchés sur le dos des bœufs et moutons qui paissent dans la plaine, se tailler d’un bec indiscret beefsteaks et côtelettes, sans accorder la moindre attention aux réclamations les plus énergiques des propriétaires de la chose.

À la saison des pluies, les argeelah, ou butcher’s bird, ou philosophes, oiseaux grands comme de petits hommes, au long bec, au jabot rougeâtre, au crâne pelé, à l’aile noire, viennent partager avec les corbeaux les travaux de l’assainissement de la cité. C’est assurément l’un des traits les plus originaux de la physionomie de la capitale du Bengale que cette population d’énormes emplumés, sans peur sinon sans reproches, qui circulent d’un pas majestueux dans les rues, sur les promenades, au milieu des carrosses et de la foule, et semblent parfaitement au fait de la disposition légale qui frappe d’une amende de 5 livres sterling quiconque s’avise de toucher une plume de leur aile, jene dis pas, et pour cause, un cheveu de leur tête. Je ne crois pouvoir donner une meilleure idée des services importants que rendent ces bipèdes à la communauté anglo-indienne qu’en reproduisant la légende d’un dessin publié par le Punch indien (Dehli Sketch) il y a quelques années. Aux bords heureux du Gange se trouvent deux philosophes : le premier hâve et maigre, en véritable équipage de gastronome sans argent ; le second adossé contre un arbre, te ventre