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LES ANGLAIS ET L’INDE

d’Hindou qui descend le fleuve du Gange, après avoir descendu le fleuve de la vie, comme chante Robin des Bois. Cette juxtaposition des mœurs modernes et des habitudes primitives de l’Inde des brahmes se rencontre à chaque instant dans la ville des palais. À quelques pas des plus beaux hôtels sont des huttes misérables, des mares fétides, des foyers d’infection de toute sorte, d’où s’élèvent des miasmes impurs qui déciment les populations : car Calcutta, malgré son importance politique et commerciale, est restée en dehors des améliorations publiques introduites déjà depuis des années dans la plupart des villes des colonies anglaises. Le gaz, que possèdent le Cap et Sydney, n’éclaire point encore la city of palaces, l’arrosement y est fait à bras d’hommes et de la manière la plus parcimonieuse ; quant aux soins de propreté, au nettoyage des rues et des ruisseaux de la cité, municipalité et habitants restent étrangers à ce service d’utilité publique, exclusivement confié au zèle et aux bons soins de la population animale de la ville, population aussi nombreuse que variée, dont il faut dire quelques mots.

Tous les descendants du corbeau de l’arche semblent s’être réunis à Calcutta ; on les compte par centaines, par milliers, sur les arbres, les terrasses, où, du matin au soir, ils adressent au ciel le concert monotone et criard de leurs croassements. Habitués à la tolérance, ces noirs oiseaux sont d’une impudence sans limite, et si dans le salon ils n’hésitent pas à satisfaire un impérieux besoin sur un meuble favori, ils hésitent encore