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LES ANGLAIS ET L’INDE

confiance de ses nouveaux sujets. Comprenant avec une rare sagacité combien les folles superstitions des croyances natives avaient gardé d’influence parmi les populations de l’Inde, les hommes d’État anglais qui présidèrent les premiers aux destinées de la conquête s’imposèrent la loi de ne léser en rien les préjugés religieux de leurs nouveaux sujets. Cette tolérance, sage sans doute au début, prit bientôt les proportions d’un patronage ouvert et bienveillant. Aux jours de solennités religieuses, des escortes de soldats accompagnèrent les processions des idoles ; le canon fut tiré en leur honneur ; le nom de Sri Ganesha, déesse de la sagesse, fut inscrit en manière de dédicace en tête des almanachs publics ; les serments dans les cours de justice furent prêtés sur le Coran ou au nom des idoles hindoues. Enfin, dans les administrations du gouvernement, on toléra ouvertement ces adorations puériles qu’à certains jours l’Hindou adresse aux instruments de son métier. Il y eut la fête du papier, celle de l’encre et de l’encrier, des plumes et du tabouret. Ces habitudes de tolérance protectrice une fois érigées en axiomes de salut public par les hommes d’État du service indien, le gouvernement se trouva bientôt amené à intervenir directement dans les affaires intérieures des établissements religieux du pays.

Sous les gouvernements antérieurs à la conquête anglaise, les diverses corporations religieuses possédaient des terres destinées par leurs fondateurs à défrayer les dépenses des divers membres de la communauté et les