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LES ANGLAIS ET L’INDE

forment qu’un élément différentiel de la société britannique, nous prendrons la liberté de rechercher approximativement le nombre de familles anglaises qui tirent tous leurs moyens d’existence des revenus publics de rinde. À Dieu ne plaise qu’avocat à idées étroites, nous venions déclamer ici contre les gros traitements des officiers civils et militaires de l’honorable compagnie ! Nous avons vu de près la monotonie, les labeurs, les tristesses de leur vie d’exil, et, dorées comme elles le sont, leurs chaînes nous semblent peu dignes d’envie. Nous dirons plus : sans avoir une très-grande expérience de l’Inde, nous connaissons assez le pays pour affirmer sans hésitation que si le rhéteur peut trouver un sujet à phrases ronflantes dans le fait de l’exploitation de plus de cent millions d’Hindous par une poignée d’Européens, l’homme pratique doit reconnaître que l’Inde possède aujourd’hui le gouvernement le plus honnête, le plus éclairé, le plus juste, le meilleur en un mot qu’elle ait jamais eu. Aussi, au double titre d’admirateur des grandes choses, d’ami sincère d’un progrès libéral et intelligent, si quelque danger menaçait aujourd’hui l’édifice de la domination anglaise dans l’Inde, si quelque Spartacus cuivré levait l’étendard de la révolte aux acclamations des populations natives, nos sympathies et nos vœux seraient acquis tout entiers au civilisé contre le barbare, à la peau blanche contre la peau noire. Ces réserves faites, examinons si nos voisins d’outre-mer, en parlant en termes sévères du mal de la fonctionomanie qui dévore la société fran-