Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée
280
LES ANGLAIS ET L’INDE

faiseur de constitutions, rendu au loisir par le bon sens des peuples de l’Europe, voulait occuper son oisiveté en crayonnant l’esquisse de quelque chose d’éclopé, de boiteux, de mort-né, d’une constitution portant en son sein tous les éléments de dissolution possibles et probables, et destinée à procurer à l’heureuse nation qui l’adopterait le bénéfice d’une fin prématurée au milieu des agonies d’interminables révolutions, le Siéyès en retrait d’emploi, après avoir accordé toute l’attention qu’il mérite à ce chef-d’œuvre de candeur républicaine dont les Lycurgue de 1848 avaient doté la France, n’hésiterait pas cependant à porter le choix de ses préférences sur les institutions politiques qui, en l’an de grâce où nous sommes, régissent encore l’Inde anglaise. Là, pas d’unité de pouvoir, partout la rivalité, nous pourrions dire la lutte. Que voyons-nous au haut et au bas de l’échelle gouvernementale ? L’armée divisée en deux camps rivaux, l’armée de la reine et l’armée de la compagnie, les officiers de cette dernière presque systématiquement exclus des hautes positions militaires, des commandements supérieurs, mais occupant en compensation et sans partage, dans les états-majors, le commissariat, la diplomatie, des fonctions grassement rétribuées qui doublent et au delà leur paye régimentale ; — près de l’armée native, le service civil magnifiquement rétribué, avec des privilèges de rang exorbitants, tels qu’un jeune homme presque au sortir du collège prend le pas sur un officier qui, après de longs services, a atteint, à la loi commune de l’ancienneté, le rang de capitaine ; —